Un juste retour des choses…
Où mon nouveau départ m’emmènera-t-il ?
Mon chemin en 2013 m’a amené au « SOULIE », Gîte Donativo accueillant et chaleureux comme beaucoup…
En 2013, après les 2/3 de mon chemin et des accueils pleins de chaleur humaine, je prends la décision (défi perso peut-être) d’être « Hospitalier », et aussi d’apprendre une langue étrangère pour pouvoir le faire et partager au mieux avec les Pèlerins.
Sur mon Chemin en 2015 par la voie du Puy en Velay, après Estaing, j’ai découvert le gîte du « Soulié » au lieu-dit du même nom et rencontré Michel, le propriétaire et hospitalier.
L’accueil religieux chrétien se ressent, sans être pesant, on peut dire même « léger », laissant place entière à l’humain quel qu’il soit !!!
On y trouve tout ce dont le Pèlerin a besoin matériellement et spirituellement, moi j’y ai ressenti en tant qu’agnostique, un bien-être et un repos intérieur. C’était un havre de paix… dans les bois.
J’ai trouvé ici en pleine nature, TOUT et un plus, un lieu de rencontre avec les autres Pèlerins et avec soi-même, appelé « la chapelle », petite maisonnette avec un décor bois : autel, une croix incrustée dans le mur-ossature gentiment arboré de peintures-fresques.
Ce qui m’a amené à proposer mon aide pour faire les petits bricolages en hors-saison à Michel. Il accepta et me proposa du 10 au 26 octobre 2015.
La veille du départ, il m’annonce que je ne serai pas seul car une pèlerine avec qui je suis arrivé vient de s’inscrire pour faire la cuisine pendant la même période. C’était Pascale, avec qui j’avais marché quelques jours.
RESSENTI EN CETTE PERIODE :
Que de Bonheur vécu pendant cette période avec des doutes à mon arrivée, du genre :
On ne va être que deux pour tout faire, car Michel, nous a laissé les clés, donné quelques consignes et son numéro de téléphone. Par chance, je suis arrivé trois jours avant et Pascale, arrivée quatre jours avant, avait déjà pris ses marques. Nous nous sommes acclimatés rapidement tous les deux.
Pascale gérait le côté nourriture, comptabilité et réservation, tandis que je m’occupais du ménage, jardin, lessives et me levais le premier pour les petits déjeuners. La journée était bien remplie et commençait suivant l’heure choisie par les pèlerins la veille, ce qui donnait parfois un lever à 6h00 pour se terminer à minuit. Heureusement, une petite sieste pouvait se présenter… car je répondais souvent pendant ces moments-là.
Une journée Type :
❖ 6h45 : lever, préparation des petits déjeuners avec boissons chaudes pour mettre sous la tonnelle au bord de la route pour les marcheurs et le service, suivi de la vaisselle.
❖ 9H30 : toilette, suivi du ménage dans les dortoirs, chambres, salles d’eau et pièces de jour.
Pendant que Pascale préparait notre repas du midi, rangeait et faisait de la confiture de marrons pour nos futurs pèlerins ou cassait des noix (toutes ces préparations amélioraient les repas et faisaient des économies de fonctionnement).
Sans oublier le change des draps coton, éventuellement des couvertures ou housses de couettes.
❖ Midi : repas avec Pascale, dehors quand le temps le permettait, détente et échanges amicaux.
❖ L’après-midi : courses, marche ou visite locale, ramassage de châtaignes, noix suivi du nettoyage jardin avec des tas de feuilles, car c’est l’automne avec ses couleurs magnifiques.
❖ A partir de 15h00 : arrivée des premiers « Cœurs à 2 pattes » comme se plaisait à dire Michel.
Accueil, organisation des chambrées et petite boisson chaude était le rôle de Pascale, puis je conduisais les pèlerins et indiquais la marche à suivre (je récupérais les vêtements pour ceux qui le souhaitaient et faisais la lessive et l’étendoir sans oublier de les récupérer avant la rosée du soir!) pendant qu’ils faisaient douche et soins, préparation de leur route. Ils pouvaient aller se recueillir ou prier ou se ressourcer au calme dans la chapelle quand ils le voulaient (même de nuit).
❖ 19h00 : regroupement autour de la table ou dans la chapelle pour faire connaissance suivant l’envie des présents et après nous dînions. Chacun faisait ce qu’il voulait…..mais une coutume locale invitait les hommes à faire la vaisselle pendant que les dames papotaient et préparaient la tisane. Certains soirs, Pascale jouait de la guitare avec ceux qui le voulaient !! (moments Géniaux)
On a eu des soirées superbes avec des repas chantants !!
Un soir après le repas nous avons réussi à faire danser nos 12 marcheurs sur l’air du «j’entends le Loup, le Renard et la Belette » et tourner autour de la table, le parquet s’en rappelle encore… (Ah, ah, que de joie et de sourires), le lendemain, certains chantaient l’air en reprenant la route… Parfois je la murmure et le souvenir revient
Les belles surprises du chemin…
J’étais près du portail à côté de la tonnelle, arrive une jeune pèlerine qui jette son sac et pleure (douleurs et colère..) nous l’accueillons et vu son état de fatigue et le poids du sac l’emmenons dans une chambre isolée. Arrive aussi un jeune Coréen en forme, il n’y aura que ces deux pèlerins ce jour-là ! A table, nous parlons poids du sac et convainquons Lilas (appelons-la comme ça) de retourner quelques kilos d’affaires et de se débarrasser d’un camping gaz (objet qui était recherché par le Coréen, et qu’elle accepta de lui donner), la soirée se termina avec Lilas seulement qui ne cessa de pleurer et qui voulait tout arrêter !
Le lendemain matin, en plein forme notre jeune homme a repris la route, avec le camping gaz.
Lilas a dormi jusqu’à 11h, et n’avait pas repris ses esprits continuant de pleurer et s’en voulait d’être partie avec un vieux sac à dos, pestant autant sur son attirail ancestral que sur ELLE !!!
Nous lui proposons de rester une journée de plus et la stimulons pour qu’elle finisse ce qu’elle avait entrepris surtout qu’il ne lui restait que 5 jours tout au plus. Elle voulait aller au lieu-dit « Le bout du Monde » (je n’invente rien…). Son sac à dos demandait un allègement supplémentaire.
Ce soir-là, il ne vînt qu’un jeune homme, en forme et joyeux. Il nous demandait si nous n’avions pas eu des scouts car il avait trouvé un béret sur le chemin… Nous lui conseillons de l’emporter et d’essayer de trouver le propriétaire.
La soirée fût sympathique et se passa comme la veille à remonter le moral de Lilas et la préparer au départ pour le lendemain matin !!
Le grand jour arriva pour Lilas, quand soudain… le jeune pèlerin crie de douleur et enlève son sac !!
Il cherche la cause de ce mal, c’était dans une poche secrète du sac, une cape de pluie qui s’était mise de travers… il fût surpris de découvrir qu’il avait une 2ème cape… Il faut dire que c’était le sac de son frère. Nous l’avons convaincu (sans peine car très humain) de la donner à Lilas et celle-ci de laisser sa cape « style militaire 1mx1m lourde au possible » et de s’équiper avec celle-ci ultra légère (gain de poids), que de surprise ce matin-là et de sourires sur tous les visages…
Ca y est... nous partons les accompagner sur 2 km (la rampe de lancement si on peut dire).
Nous étions à 500 m du gîte que voici 6 ou 7 jeunes… des scouts !!!!!!
Notre pèlerin demande pour le béret trouvé la veille, s’ils ne connaissaient pas le propriétaire ou le clan !!! Le responsable reconnait le béret,… c’était celui de son frère…
Nous reprenons la marche avec émotion suite à toutes ces coïncidences en si peu de temps et aussi en laissant Lilas continuer SON CHEMIN (rassurée, car elle n’est pas seule pour cette nouvelle journée).
Quelques temps après, nous avons reçu des nouvelles de Lilas qui avait atteint « LE BOUT DU MONDE » et ainsi relevé son défi : elle est repartie sur SON CHEMIN… de vie !!!
Durant cette période en tant qu’hospitalier, tout en restant au gîte,… j’ai voyagé avec mes Pèlerins et réalisé mon défi personnel tout en redonnant au chemin de Compostelle un peu de ce qu’il m’avait donné en 2013. On y rencontre tous les types de personnes venant pour toutes sortes de raisons avouées et inavouées.
C’est une période demandant de l’énergie, où l’on doit un peu parfois s’oublier pour aider, encourager, parler avec ces « Cœurs à deux pattes », mais que de retours, de petits bonheurs, rigolades, émotions … de l’HUMAIN A L’ETAT PUR…
Je continue un peu ce rôle d’HOSPITALIER chez moi, car le CHEMIN DE COMPOSTELLE m’a fait l’honneur de passer devant ma porte…
Qui sait, peut-être un jour, vous y viendrez… si on doit se croiser.
Jacques Tournat, octobre 2015